Bibliographie
L'action politique et ses conditions de possibilité : exercice d'élaboration conceptuelle à la lumière de la pensée d'Hannah Arendt, orientée depuis une perspective syndicaliste
Intérêt : Inspiré de la conceptualité arendtienne
Auteur/trice(s) : Zanni Rémi
Type : Thèse
Direction : Leibovici Martine
Date : soutenue le 1er octobre 2021
Url : https://theses.fr/2021UNIP7036, accessible le 10/05/24
Résumé :
Bien souvent, que ce soit dans les discours médiatiques ou militants, le syndicalisme est analysé depuis une perspective et à l'aide de concepts strictement politiques. Par là même se trouve masquées l'ambition initiale et l'originalité théorico-pratique originelle du syndicalisme français, qui trouva sa plus belle et mémorable expression dans la « Charte d'Amiens » et qui en établit les deux principes cardinaux. D'une part, elle proclame que le syndicat constitue une organisation sociale fondée non sur le partage d'opinions mais uniquement à partir de situations matérielles semblables et d'intérêts communs articulés à partir de celles-ci. D'autre part, elle lui donne comme programme une « double besogne » qui vise à la fois et dans le même mouvement à l'abolition progressive et de l'exploitation et de l'oppression économiques, et de la domination politique. à rebours des discours tentant d'instrumentaliser le syndicalisme au service de quelque dessein idéologico-politique, cette thèse entend tenter de poser philosophiquement, quasi-phénoménologiquement, les prolégomènes d'une conceptualité politique autonome compatible avec le projet d'« émancipation intégrale » syndicaliste, c'est-à-dire une conceptualité politique qui ne s'ancre pas dans l'idée de souveraineté. Puisant plus qu'abondamment dans les catégories arendtiennes, nous nous proposons d'analyser les conditions de possibilité d'une action politique qui répondrait à ce critère, qui ne nécessiterait aucune communauté politique préexistante pour pouvoir survenir mais la seule possession de notre capacité d'initiative humaine, et de décrire comment nous pouvons donner du sens (en termes de justice) à un monde qui semble n'en avoir de prime abord aucun. Ainsi, nous commençons par montrer comment la condition d'émergence d'un espace public réside dans la possibilité pour des hommes et des femmes rassemblés de s'indiquer mutuellement l'attention identique et simultanée qu'ils portent non seulement à certaines choses extérieures à eux (oeuvres, événements, concepts), mais aussi à eux-mêmes, les uns par rapport aux autres. Nous décrivons ensuite la manière dont les participants à un tel espace public constituent une connaissance vraisemblable et partagée à partir du dissensus consubstantiel au caractère distinct de leurs points de vue propres, s'assurant par là qu'ils partagent bien un monde commun. Enfin, nous expliquons comment les acteurs politiques peuvent donner du sens à ce monde, discriminer le juste (ce qui pour eux doit-être) de l'injuste (ce qui pour eux doit-ne-pas-être), soit à partir de leurs goûts et de leurs opinions personnelles, soit à partir de textes normatifs auxquels ils consentent d'indexer leurs jugements.
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